Laurent OTT est né le 19 juillet 1928 à Haguenau, paroisse du diocèse de Strasbourg. Il était le fils de Louis OTT, décédé avant sa naissance, et de Marie ZOTTNER. En octobre 1939, il débuta ses études à l’école des Pères du Saint Esprit à Allex (Drôme), les poursuivit à Neufgrange (Moselle) où son frère Louis l'avait précédé trois ans auparavant. Malheureusement, Louis tomba au champ d’honneur en avril 1945. Pendant l’occupation allemande,
Alors que la maison des missionnaires de Saverne avait été réquisitionnée Laurent entra au collège de la ville en 1940. Incorporé le 8 janvier 1944 à l’âge de 16 ans, stationné à Munich dans le bataillon des «Luftwaffenhelfer», il retrouva Robert KAEUFLING, un camarade de classe et futur maire de Schweighouse. Il fut envoyé au front et fait prisonnier par les Américains le dernier dimanche d’avril 1945 à Regensbourg.
Libéré le 9 juillet 1945, il rentra chez lui la même année, il reprit les cours à la maison des Missions Saint Florent de Saverne et entra, en 1948, au noviciat. Ses cours furent interrompus par la maladie mais, rétabli, il reprit ses études de philosophie à Mortain (Manche) et de théologie à Chevilly (Loiret) où il fut ordonné prêtre le 3 octobre 1954.
Le 3 juillet 1955, il fut consacré à l'apostolat. Ses supérieurs avaient prévu de l’envoyer à Libreville, capitale du Gabon, auprès de Monseigneur ADAM, et la station du Fernan-Vaz lui fut impartie. Le départ pour son poste avait été prévu pour le début du mois d’octobre 1955. Il occupa ce poste pendant 5 ans.
Le samedi 9 juillet 1955, pour le retour à son village comme nouveau Père, ce fut un jour de fête pour tous les habitants, sans distinction de confession.
Après une nuit passée à Neubourg, il quitta le domicile de son frère Charles, accompagné de son frère Georges, de son ami le Père DURAND, du Maire de la commune M. WENDLING et de l'abbé Marcel DAESCHLER, curé de la paroisse de Schweighouse ; il fut ovationné par toute la communauté à l’entrée du village. Le «Salut au drapeau» retentit, joué par la clique des Sapeurs-Pompiers. L’harmonie du Cercle Catholique était également présente.
Après l’accueil et la remise d’une gerbe de fleurs, le cortège se dirigea vers l’église où l'attendaient sa mère et sa famille, escorté par les jeunes du village sur leurs vélos décorés. Le jeune Père, ému, remercia toute l’assemblée pour l’accueil qu’elle lui avait réservé. Après la bénédiction du Saint Sacrement, le Père Laurent rejoignit le domicile de sa mère.
La fête reprit le dimanche matin à 9 h quand le jeune Père, accompagné par les siens, rejoignit l’église paroissiale Saint Jacques. Sous la sonnerie des cloches, la procession, composée de l’harmonie de musique, de la chorale Sainte Cécile et du clergé, se dirigea vers la maison familiale. Le corps des Sapeurs-Pompiers, affecté au service d’ordre, fut dépassé par la foule immense qui attendait le nouveau célébrant autour de l’autel dressé par les Sœurs de la Divine Providence de St Jean de Basel, dont le couvent est à Berthelming en Moselle. Après le «Hosanna» entonné par la chorale Sainte Cécile sous la direction d’Albert OHLMANN, également organiste, le curé DAESCHLER prit la parole pour saluer son jeune ami et lui souhaiter la bienvenue. Il se dit fier qu’un enfant de sa paroisse fût appelé par DIEU pour entrer dans le sacerdoce.
Après la lecture de différents poèmes que lurent ses neveux, nièces et surtout sa filleule Mariette, le curé de la paroisse lui posa une couronne blanche sur la tête. Tandis que retentit le chant «Laudate Dominum» et sous les notes de musiques jouées par l’harmonie du Cercle Catholique, la procession prit la direction de l’église. Avec fierté, ses camarades de la classe 1928 tinrent à précéder leur ami Laurent dans cette vraie «Via Triumphalis». Au son des cloches, il franchit les marches pour rejoindre l’autel de l’église. Le nouveau célébrant fut assisté par le Père André WAECHTER pour la messe. Les diacres et sous diacres furent les Révérends Pères Jean-Paul MISS et Joseph GROSS, ainsi que ses amis étudiants, les Pères FELDMANN et DURAND.
Le sermon fut prononcé par le curé Joseph GOETZ installé à Durningen, un autre enfant de la paroisse St. Jacques, qui avait célébré sa première messe en 1933. Il félicita et encouragea le nouveau célébrant ; il lui dit d’avoir confiance dans le Seigneur et son espoir que ce jour éveillerait des vocations parmi les jeunes de la paroisse. Une grande émotion traversa l’église au moment où le fils célébrant donna la communion à sa mère, qui se dit prête à partager les joies et les peines de son enfant dans la mission qu’il s’était fixé en prêchant la parole du Seigneur. L’après-midi à 15 h, en ce dimanche de fête, le nouveau prêtre célébra les vêpres et donna sa bénédiction, imposant les mains à toute la communauté présente dans une église occupée jusqu’à la dernière place.
Que «ce jour que le Seigneur a fait», de joie et de peine, reste dans les mémoires du nouveau prêtre ainsi que de toute la communauté de Schweighouse : c’est ce que pensait chaque fidèle.
En octobre 1955, il partit pour le Gabon; il y consacra toute sa force à la jeunesse, et surtout à l’enseignement, se donnant avec toute son énergie à sa nouvelle tâche. Après un congé bien mérité en 1960, il retourna au Gabon, mais fut envoyé à Mekambo, en pleine brousse, avec un autre prêtre originaire de Geudertheim, le Père PETER; il y resta douze ans.
En 1973, il rentra en France, et après un recyclage d’une année à l'université de Strasbourg, ses supérieurs lui confièrent le poste de directeur de l'école technique des Pères du Saint Esprit à Neufgrange.
Devant l'église de Mékambo, qu'il a contribué à construire
Le père Laurent lors de son Jubilé d'or,
De gauche à droite, Monseigneur Gachy, Le père Laurent, le père Lacroix, Mr le Curé HauesslerEn 1977, il prit le poste de vicaire à La Wantzenau. En 1991, pendant 6 mois, il remplaça le prêtre malade d’Ettendorf. En 1980, il fêta dans la simplicité le jubilé de ses vingt-cinq ans de sacerdoce à Schweighouse. Le 13 octobre 1991, le Père Laurent fut installé à Mertzwiller à la demande de Monseigneur BRAND, évêque de Strasbourg. Pour ce dernier l’essentiel «c’est d’être à la disposition de ses paroissiens».
Depuis 1998, il profitait d’une retraite bien méritée à la Maison St Florent de Saverne. Entouré de ses confrères, il décède à Wolxheim le 28 novembre 2005 après une douloureuse maladie .
(Photos collection J-Georges Ott)
André DEISS