Circuit historique de Schweighouse/Moder  

Ancienne mairie + école

Monument numéro 10

L’inauguration du site scolaire et périscolaire nouvellement construit appelée aujourd’hui «La Marelle» nous engage à ouvrir la page de l’histoire des écoles et à revenir à la source de l’enseignement des enfants de la commune. 


Mairie + Ecole en 1821

Il n'y a pas de liberté pour l'ignorant 

(Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet).

     L'étude  de  l'école  en  Alsace  est  atypique  et  très  riche,  du  fait  des  multiples  particularismes de la région, qui sont constitutifs de son identité et de son histoire. 

À la frontière  de  la  France  et  de  l'Allemagne,  elle  est   fortement  marquée  par  le bilinguisme,  qui est largement  enseigné  et  l'originalité  des  emplois du temps et des matières  enseignées  se  mesure au regard de l'écart avec ce qui est de mise au niveau national.

Notre histoire commence en 1714 lors de  l’introduction du Simultaneum dans l’unique église de la commune. Les catholiques sont au nombre de neuf ou dix familles; comme il n’y a pas de curé catholique dans la commune de Schweighouse, c‘est le curé de Haguenau, le Sieur GRIMER, qui s’occupe de cette petite communauté. 

Cette dernière demande un Maître d’école au curé pour l’instruction de leurs enfants et que l’exercice de la Religion catholique soit rétabli dans le chœur de l’église de ce lieu.  La communauté catholique demande en même temps que le chœur de l’église soit séparé de la nef par une cloison.  

Réponse de Mr SIMON, Conseiller  de  Nos  Altesses  Sérénissimes  Seigneurs  Princes   Palatins de Birkenfeld, propriétaire de la commune :  «le  chœur  et  la nef de l’église ne peuvent pas être séparés par une cloison, l’église n’ayant que 16 pieds de longueur et autant de largeur que les catholiques et luthériens fassent le service divin alternativement et vous veillerez à ce que cela s’exécute de la manière déplorable, dont les parties conviendront afin qu’il n’arrive pas de mauvais incidents». 

L’entretien du Maître d’école catholique est à la charge de toute la communauté, alors que le maitre d’école luthérien est à la charge de la communauté luthérienne. 

Les noms des instituteurs de cette époque ne sont pas connus si ce n’est Mr ROEDERER, le ministre1 des familles catholiques.

Un écrit du 13 juillet 1771 nous donne comme instituteurs :

Instituteurs : M. Philippe Jacques HEPP   :   Luthérien

  : M. François Joseph GARNER : Catholique

Avec la Révolution française s'ouvre une période nouvelle pour l'histoire de l'école. Jusque-là largement réservée aux élites et aux grands de ce monde, les idéaux révolutionnaires en font l'un des lieux privilégiés où le peuple acquiert l'instruction qui lui est nécessaire pour se faire une place et être l'égal de ses semblables.

Ministre : Prêtre ou Pasteur chargé d’un service pastoral. 

Au 19ème siècle, la nomination des instituteurs se faisait, entre autres, lors d’une ou plusieurs réunions du Conseil municipal. 

Le Conseil municipal de Schweighouse s’est réuni le 5 février 1844 sur la convocation du Maire,  Monsieur HOELTZEL,  pour  procéder  au choix des candidats à présenter au Comité de l’Arrondissement de Strasbourg,  pour remplir la place d’instituteur primaire de l’école protestante   de la  commune.  La place est rendue vacante  par  la  révocation du Sieur GIES Valentin,  instituteur  en place depuis fin 1841. 

Le Maire a exposé au Conseil qu’immédiatement après avoir reçu la révocation du Sieur  GIES  Valentin,  il  a  fait  insérer  à  deux reprises dans le journal « le Courrier du Bas-Rhin » une annonce à la relative vacance  de la  place d’instituteur primaire de l’école protestante de cette commune. Alors, s’est présenté Monsieur MULLER Louis Théodore, aide-instituteur à Soultz-Sous-Forêts, arrondissement de Wissembourg, muni d’un Brevet de capacité et de plusieurs certificats de bonne vie et mœurs, entre autres d’un certificat de  bonne conduite et de moralité délivré par Monsieur le Maire et trois membres du Conseil municipal de Soultz-Sous-Forêts en date du 15 avril 1843.

Vu les pièces produites par Monsieur MULLER, à savoir :

 -  le  Brevet  de   capacité  de   degré  élémentaire délivré le 3 septembre 1840 par la Commission d’Instruction Primaire de Strasbourg ;

 -  les certificats de moralité exigés par l’article 4 de la loi du 28 juin 1833 ;

Vu l’avis du comité local de ce jour, le Conseil Municipal a délibéré ce qui suit :

 - le Sieur MULLER Louis Théodore né à Roppenheim, arrondissement de Strasbourg, le 23 août 1820, actuellement aide-instituteur à Soultz-Sous-Forêts, sera présenté au comité d’arrondissement comme candidat unique à la place d’instituteur primaire de l’école protestante de Schweighouse.

Plus tard seront nommés,  Monsieur  HUCK  Louis  en  1846 et Madame  WURSTEISEN Caroline en 1867.

Pour information, Monsieur KLEIN Georges a été instituteur dans cette école de 1806 à 1820, remplacé par le pasteur BOSCHE J. B. en poste jusqu’en 1841.

Nomination  d’une  Sœur  institutrice  pour  l’école  élémentaire catholique de Schweighouse.

Cette  nomination  a  donné  lieu  à  une  réunion  extraordinaire  du  Conseil  municipal  le 17 janvier 1853.  Le maire,  Monsieur ZIPFEL,  a  donné  lecture  de  la  lettre  d’obédience délivrée à  la  nonne  Salomé  MANTZ,  sous le nom de Sœur Onésime, née le 21 février 1822 à Kuttolsheim, département du Bas-Rhin, présentée par la supérieure de Saint Jean de Bassel, département de Meurthe, sur la demande des autorités locales de ladite commune pour y tenir une école élémentaire.

Le  Conseil  municipal  :  considérant  qu’il  est  indispensable  de  pourvoir  au      remplacement  de  Sœur  Lucrèce  appelée  à  d’autres  fonctions,  est  d’avis de nommer  Sœur Onésime, précédemment institutrice à Mittelbronn (Meurthe), institutrice de l’école catholique des filles de la commune de Schweighouse .

-Sœur Onésime sera remplacée en 1859 par Sœur Aloÿse née WITTEMANN Aloÿse.

Texte : Evelyne M. Sources: A.M

La rémunération des instituteurs

iI est intéressant de voir comment se faisait, à l’époque, la rétribution des instituteurs. 

Voici trois exemples de délibérations du Conseil Municipal de Schweighouse.

- D’après l’extrait de la délibération du Conseil Municipal du 13 février 1805 le Conseiller d’Etat, Monsieur le  Préfet, nomme le citoyen Barnard GOMMENGINGER pour remplir les fonctions d’instituteur à Schweighausen.

Il aura la jouissance des prairies attachées au poste d’instituteur. La commune lui fournira annuellement huit stères de bois. Il recevra aussi, par an, seize hectolitres de grains, moitié seigle et moitié blé de Turquie, à répartir entre les parents des enfants qui fréquentent l’école, lesquels lui payeront encore une rétribution de dix centimes par semaine pour chaque élève.

- Quelques années plus tard, le 29 juillet 1814, lors d’une séance extraordinaire, le Conseil Municipal confirme la jouissance gratuite aux instituteurs de 30 ares de prairies situées au Canton dit « Sauermatt » et appelées « Sigristmatt » Ces prairies étaient depuis des temps immémoriaux accordées en jouissance gratuite aux instituteurs. Ceci en supplément à leur traitement très modique. Ceux-ci occupent en même temps les fonctions de marguilliers de la commune (membres du Conseil chargés d’administrer les biens d’une paroisse sous l’Ancien Régime et le Concordat). 

- Lors de la séance du Conseil Municipal du 27 janvier 1845, le taux de rétribution mensuel à payer à l’instituteur par les élèves des écoles communales a été fixé, ainsi que le nombre d’élèves devant y être admis gratuitement pour cause d’indigence.

Pour l’instituteur de l’école catholique des garçons :

Une rétribution de cinq centimes par semaine et par élève pendant toute l’année (excepté le mois de vacances).

Il touchera en outre, de chaque habitant catholique, chaque année, deux francs et cinquante centimes par les habitants de la classe supérieure, et deux francs par ceux de la classe inférieure somme payable en deux termes à titre de cotisation volontaire ; cela attendu que l’instituteur remplisse les fonctions de secrétaire et d’organiste. 

Pour l’instituteur de l’école protestante des deux sexes :

Il recevra vingt cinq centimes par mois et par élève pendant toute l’année (à l’exception du mois de vacances).

En outre, il recevra de l’ensemble des habitants protestants chaque année, quatre à cinq francs par les habitants des classes supérieures, et trois francs et soixante centimes par ceux des classes inférieures. Cela à condition que l’instituteur remplisse également les fonctions de sacristain et d’organiste et sans être autrement payé pour ces services.

Le Conseil Municipal estime que la rétribution mensuelle a été fixée de telle sorte que les parents des enfants qui fréquentent les écoles pourront facilement s’acquitter de l’écolage. Par contre, il est signalé, dans le même temps, que la commune  a de faibles ressources et que le quart des habitants est constitué d’indigents. ! 

Sources : registre des séances du Conseil Municipal de Schweighouse.


1964

1964

1964

Création d'une école communale de filles à Schweighouse en 1848

Textes que nous présentons ici, mentionne une page d'histoire qui nous montre les difficultés financières rencontrées pour construire des écoles, autant pour respecter la séparation des sexes alors en vigueur que celle des cultes, avec le souci de donner une bonne éducation à tous les enfants de la commune.

Le 5 novembre 1848, Monsieur GOMMENGINGER, maire de Schweighausen, convoque le Conseil municipal pour une séance extraordinaire afin de délibérer sur la création d'une école de filles dans la commune, en vertu de l'autorisation de Monsieur le préfet en date du 28 octobre 1848.

Au vu de la loi du 28 juin 1833 sur l'instruction primaire, le Conseil municipal a considéré :

* que les progrès de l'instruction publique exigent que dans chaque commune le nombre des écoles publiques soit proportionné aux besoin de la jeunesse ;

 * que le nombre des enfants à scolariser des deux sexes de Schweighausen appartenant par leur âge à l'instruction primaire est de cent cinquante ;

 * qu'il importe à la morale et à l'enseignement que les jeunes filles soient séparées des garçons  et placées sous la direction d'institutrices pour recevoir l'instruction qui doit leur être donnée ; que les bonnes mœurs sont plus ou moins compromises lorsque les garçons et les filles sont réunis dans un même local, et que la discipline n s'exerce pas de la même manière sur les filles et sur les garçons ; qu'au surplus, il est généralement admis que l'éducation des femmes doit se faire par des femmes.

Par ces motifs : 

Le Conseil municipal vote la création d'une école de filles sur la commune de Schweighausen. Il adopte et reconnait l'école privée actuelle comme école publique communale, et demande que le vote soit approuvé par les autorités compétentes.

Etaient présents : 

Messieurs GOMMENGINGER maire, ECKI adjoint, KOCH, WEISLLER, ZIEPFEL, OHLMANN, RIEGERT, FUCHS et HEIMBURGER. La création de cette école a été approuvée à Strasbourg le 19 décembre 1848.    

 Monsieur RENAULDON, préfet.